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Candilis, Georges (1913-1995)

Présentation des notices

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  • Chapitre E - Extension de la ville de Bagnols-sur-Cèze

    En 1954 le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) entreprend la construction de son nouveau centre au lieu-dit Marcoule, à 10 km au sud de l’ancienne petite ville de Bagnols-sur-Cèze, nœud de circulation assez important de la région nîmoise (situé sur la rive droite du Rhône, à 10 km au sud de Pont-Saint-Esprit et à 30 km au nord d’Avignon) qui avait gardé jusque-là son caractère de cité médiévale fortifiée. Pour répondre au problème d’habitat assez significatif que l’implantation de cet ensemble industriel va poser pour l’ensemble du personnel de l’usine nucléaire, les responsables du CEA et du Ministère de la construction décident la création d’un nouvel « ensemble urbain », en contact avec la ville existante. L’implantation de cette « nouvelle ville industrielle » (devant atteindre 15 000 habitants) -opération complexe, non seulement au niveau de la conception et des formes, mais aussi pour sa coordination et sa réalisation- regroupe les efforts de plusieurs ministères et de l’ensemble des services administratifs locaux. Les travaux de la nouvelle cité commencent en avril 1956, avec le lancement par le CEA, au quartier de « La Citadelle », d'une première tranche de 371 logements (terrain acheté en janvier 1956), en même temps qu’une commission spécialisée du plan (constituée principalement par R. Coquerel, urbaniste en chef du Ministère de la construction en mission spéciale, Ch. Delfante, urbaniste du plan régional, G. Candilis et son équipe) entreprend l’élaboration d’un projet d’ensemble pour l’extension de la ville, « capable de prendre le relais de cette première initiative ». Ainsi, la transformation d’un petit centre commercial et administratif d’une région agricole en une ville industrielle est devenue un objectif national, un véritable symbole de la reconstruction nationale. En 1959, quand le nouvel ensemble de Bagnols-sur-Cèze est récompensé par le Prix d’urbanisme du gouvernement français (décerné pour la première fois en France), 35 ha ont été déjà aménagés et la population de Bagnols est passée de 4500 en 1956 à environ 12 000 habitants (la perspective étant alors d’atteindre le nombre de 18 000 habitants avec l’achèvement de la nouvelle ville). Principes d’implantation et de composition : L’extension de la ville vers le sud a été dictée par les données géographiques du site (topographie, climat), en même temps que pour rechercher des éléments de liaison entre les deux villes et créer une continuité. La structure de la vieille ville a déterminé directement la structure de la nouvelle : - le système de liaison des anciennes rues, jamais orthogonales, est repris sur un mode plus large et inspire le mode d’implantation varié des unités de logements. Les groupements (articulés de façon à créer de micro-ensembles de caractères différents) forment des décrochements et se caractérisent par des ruptures systématiques de l’alignement en ligne droite ; - l’utilisation des immeubles-tours comme symbole et identité de la nouvelle ville, mis en rapport symbolique avec les flèches gothiques des églises et des tours médiévales existantes, symbole et identité de la vieille ville ; - la préservation et la mise en valeur des éléments du passé artificiels ou naturels, comme éléments de composition d’ensemble : théâtre en plein air, vieux parcs et jardins, ruines ; - l’utilisation de la polychromie traditionnelle du Midi (bleu, ocre, rouge, ocre jaune, gris), un chromatisme à la fois chatoyant et très nuancé sur un fond blanc. La nouvelle ville comporte une densité périphérique assez forte. Elle est limitée par une route extérieure (la nouvelle route des Rocades unifiant le sud à l’est de la ville) sur laquelle s’implantent les parkings, tandis que l’espace intérieur des zones d’habitations est libéré de toute circulation automobile. En effet, dans les aménagements de Bagnols, on retrouve des éléments concrets des recherches typologiques normalisées précédentes, fruit des réflexions architecturales entreprises au sein de l’équipe de Candilis à l’occasion du concours lancée sous l’égide du Ministère de la Construction pour créer un nouveau type de logement économique, dans le cadre de l’opération million : les trois plans de masse (perpendiculaire, en rond, en « V »), une certaine ordonnance en domino des façades et un type d’immeuble bas à quatre ou cinq niveaux, associés cette fois à une composition contextuelle en plan masse. Programme de l’opération (voir CANGE/E/01, Repros) : - Quartier « Les Escanaux » : principale extension de la ville comportant le noyau central des équipements collectifs conçu comme élément principal de liaison et de pénétration entre la vieille et la nouvelle ville. Il comprend 1200 logements environ (surtout en immeubles collectifs de 5 niveaux et en 6 tours de 14 étages) ; un centre scolaire ; un centre sportif avec un stade, un gymnase une piscine et des jardins ; un centre culturel et touristique avec théâtre, cinéma, salle de réunion, salle d’exposition, les anciens jardins et un hôtel ; un centre commercial avec la place du marché et des magasins. Ces derniers (les centres commercial et culturel), édifiés à la limite de deux agglomérations, sont destinés à constituer le nouveau centre public commun à l’ancien et au nouveau quartier, l’« articulation entre le passé», le « cœur » de la nouvelle ville qui correspondra « aux déplacements spontanés de l’activité bagnolaise qui a progressivement déserté la place centrale pour descendre au sud sur les boulevards ». - Quartier « La Citadelle » : premier quartier réalisé d’extrême urgence pendant l’étude du projet de l’extension de la ville. Il comprend 370 logements type Logéco (en immeubles collectifs de 5 niveaux), un centre commercial (500 m²), une école de quartier. - Quartier "Cité-jardin Le Bosquet" : il comprend 30 villas pour les ingénieurs supérieurs du CEA. - Quartier « La Coronelle » : première réalisation dans la zone de la future extension ouest, il est composé de 80 logements en collectifs horizontal et collectifs vertical destinés à reloger les occupants des taudis de la vieille ville, à la suite d’un programme de rénovation des quartiers insalubres. - Théâtre en plein air (reconstruit sur les ruines romaines) situé au milieu d’un parc existant qui traverse l’extension le long de l’axe nord-sud, un ancien parc privé préservé pour constituer l’espace vert central, le « poumon » du nouveau centre. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES Voir notamments, documents présents dans le fonds (Réf. Obj. CANGE-A-5) : - Delfante (Charles), "Aménagement de la vallée du Rhône", L’Architecture d’aujourd’hui, n° 80, 1958 (Grand Prix de l’Urbanisme, 1959 pour l’extension de Bagnols-sur-Cèze); [Sans titre: panorama Candilis, Josic et Woods, recherches pour une structure de l'habitat, photographies des Escanaux, photographies de Candilis, Josic, Dony et Woods, ensemble de Bagnols, La Citadelle, les Escanaux], L’Architecture d’aujourd’hui, n° 91-92, 1960; - "Bagnols-sur-Cèze, ville intégrée dans le passé", Techniques et architecture, n° 6, 1959; - "Prix de l’urbanisme 1959, Bagnols-sur-Cèze", plaquette du ministère de la Construction ; - "Candilis, Dony, Josic, Woods, architectes", Cimaise – art et architecture actuels, n° 51, janv.-fév. 1961. Autres références : "La place de la maison des jeunes et de la culture parmi les équipements de la vie sociale" [Bagnols], Techniques et architecture, n°3, nov. 1966, p. 76. Lacaille (Samuel). "Bagnols-sur-Cèze: l'unité médiévale et la cité de voisinage: Georges Candilis, Alexis Josic et Shadrach Woods, architectes: extensions et desseins pour le bourg rural de Bagnols-sur-Cèze: 1956-1970". Paris: Ecole d'architecture de Paris-Belleville, 1999. (mémoire TPFE/dir. Marie-Jeanne Dumont). Pour voir un plan de situation des différents quartiers, voir les documents associés à l’objet CANGE-E-01