François Le Cœur est né à Paris le 5 avril 1872 et mort à Paris le 2 novembre 1934, au sein d'une dynasite d’architectes.
Reçu en 1893 à l’Ecole centrale des Arts et manufactures, François Le Cœur y suit, entre autres, les cours de Fernand Delmas et de l’ingénieur Jules Denfer. En fin de seconde année, insatisfait, il démissionne de l’Ecole.
Entre 1897-1900 il se forme simultanément auprès de trois architectes importants de son époque: Léon Bénouville, qui le sensibilise aux questions constructives, Anatole de Baudot qui l'initie aux vertus du ciment armé, et son père, Charles Le Cœur, qui l’associe à ses grands chantiers, sur lesquels il acquiert des connaissances techniques essentielles.
La première étape de sa carrière est marqué par la construction de l'hôpital de Tournan-en-Brie (débuté par son père), par l'agrandissement de la maison de campagne Falguière à Clairefontaine et par plusieurs projets en Normandie, dont une école de mères (non réalisée), le groupe scolaire Richard-Simon et l'école Fénelon à Dieppe (1905-1910) ainsi que trois maisons néo-normandes à Saint-Aubin-sur-Mer et Flainville, réalisées entre 1903 et 1908.
En 1906, il reprend l'agence et les fonctions de son père, devenant, comme lui, architecte des écoles normales supérieures de Sèvres et de Fontenay-aux-Roses, membre de la Commission des bâtiments des lycées et collèges, et architecte du ministère des Postes et télégraphes qui entreprend dans cette période une importante campagne de constructions. Il gagne ainsi le concours pour l'annexe destinée au service des mandats cité Martignac, Paris 7e (1907-1909). Par la suite il construit le central téléphonique Bergère (1912-1933) et l'hôtel des postes du Havre (1913-1914).
Dans le domaine de l'architecture privée, il réalise notamment sa maison de campagne dans le hameau de Flainville (1910) ainsi que l'hôtel particulier pour André Fontaine av. Denfert-Rochereau à Paris 14e (1909-1913).
La période de maturité de François Le Cœur débute en 1919, après sa démobilisation, avec la commande de la fondation Paul-Parquet pour un Centre d'hygiène infantile à Neuilly qui ouvre ses portes en 1922. Il réalise ensuite une série de centraux téléphoniques à Paris et en banlieue parisienne: le central M rue du Temple, Paris 3e (1920-1933), le central M' rue des Archives, Paris 3e (1927-1935), ainsi que le remarquable hôtel des postes de Reims (1923-1930), qui introduit le béton en façade en face du chevet de la cathédrale.
Il édifie à la fin de sa carrière le lycée de filles Camille-Sée (Paris 15e, 1930-1934).
Ces deux derniers projets sont largement publiés et montrés lors d'expositions en France et à l'étranger.
Dès les années 1910, après un détour par le ciment armé système Cottancin (sur les traces d’Anatole de Baudot), il privilégie le béton armé, dont il recherche des expressions plastiques séduisantes en façade de ses immeubles. L’aspect rustiqué de son central téléphonique de la rue du Temple (1923) ou le mur nu, rose et lisse du lycée Camille-Sée en sont des expressions remarquables.
En 1929, à l’initiative d’Auguste Perret, Henri Prost, directeur de l’Ecole spéciale d’architecture, lui confie la charge d’un atelier, qu’il assume pendant une année. A partir de janvier 1933, son nom figure dans le comité d’honneur de L’Architecture d’aujourd’hui.
(sources : notamment Colonnes n°10, nov. 1997 (Isabelle Carreau-Vacher, 'François Le Cœur architecte, 1872-1934. Un pionnier du ciment armé en France', pp. 13-20)