La ville de Saint-Denis est la principale source de commande de Lurçat dans les années d'après-guerre. Il conçoit plusieurs ensembles de logements (cité Paul-Langevin, 1946-1950 ; cité Paul-Eluard, 1949-1958 ; cité Auguste-Delaune, 1957-1961) et des équipements publics (groupes scolaires, salle des sports, stade, etc.). Pour la cité Paul-Langevin, Lurçat est associé avec Léon et Marc Solotareff, protagonistes de l'expérimentation de l'industrialisation du logement en Ile-de-France, notamment pour le chantier expérimental de 200 logements à Villeneuve-Saint-Georges (1949-1952, projet lauréat du concours de 1949 au titre des "chantiers d'expérience" du ministère de la Recontruction et de l'Urbanisme, concours auquel Lurçat avait présenté un projet). La grande réalisation de Lurçat à Saint-Denis reste la cité Colonel-Fabien (1947-1967), concrétisation partielle d'un projet plus vaste et plus ambitieux d'unité de quartier qui aurait fait table rase de l'existant alors que l'ensemble réalisé a dû composer avec les opportunités foncières. Les premières réalisations ont l'aspect de cités agréables de petits collectifs entourés d'espaces verts (assez peu composés) alors que dans ses derniers projets Lurçat, face à la demande de logements, dessine des bâtiments de plus de dix étages, très massifs et austères (opération de rénovation urbaine Péri-Bonnevide, 1959-1970). Les théories généreuses de Lurçat en matière d'habitat n'auront pas résisté aux conditions économiques et matérielles. Le recours à la préfabrication, pour les projets de Saint-Denis, est surtout concentré au niveau des ouvertures extérieures, pour lesquelles Lurçat met au point plusieurs types de menuiseries métalliques et des cadres standard. Il les utilisera également pour les chantiers du Blanc-Menil. Lurçat construit à Saint-Denis un grand nombre de groupes scolaires, souvent liés aux cités de logements. Dans ce domaine, le projet le plus remarquable est l'école maternelle de la cité Fabien. Lurçat y renoue avec les recherches menées pour le groupe scolaire Karl-Marx à Villejuif avant la guerre. A Saint-Denis, il collabore avec Jean Prouvé pour réaliser des façades entièrement industrialisées. Sources d'archives complémentaires : Archives municipales de Saint-Denis : - Cité Langevin : 2 Fi 5/ 53 à 56 - Cité Paul-Eluard : 2 Fi 5/57 - Cité Paul-Sémard : 2 Fi 5/60 à 63 - Cité Colonel-Fabien : 2 Fi 5/64 à 67 Références bibliographiques : - GACHELIN (Charles). La construction des logements à Saint-Denis depuis 1945. mémoire de DESS sous la direction de Pierre Georges. Institut de géographie de l’Université de Paris, 1959, 86 p. - Logement Dionysien (Le). Saint-Denis : chronique d’architectures. Saint-Denis, éditions PSD, 1994, 163 p. - Une ambition sociale. Cinquante ans de l’Office public d’habitations de la ville de Saint-Denis. Saint-Denis, éditions PSD, 1995, 141 p. -
