Jean Ginsberg, né en Pologne en 1905, est actif en France (agences à Paris et Monaco) de 1930 à son décès en 1983.
Fils d’un industriel polonais, Jean Ginsberg s’installe à Paris en 1924 et suit les cours de l’Ecole spéciale d’architecture, où enseigne alors Robert Mallet-Stevens, puis intègre l'atelier de Joseph Marrast à l'Ecole des beaux-arts. Ses études terminées, il travaille quelques mois chez Le Corbusier et près d’un an chez André Lurçat, avant d’ouvrir en 1930 sa propre agence.
L’enseignement reçu explique pour une grande part l’exigence technique et constructive de l’architecte.
Il édifie en 1931 un premier immeuble d’habitation, en association avec Berthold Lubetkin, suivi d’un second (terminé en 1934) et d’un troisième (1935) avec François Heep, avenue de Versailles et rue Vion-Whitcomb à Paris.
Son association avec François (ou Franz) Heep, architecte d’origine allemande, durera jusqu’en 1939.
Il utilise en façade la plastique des grandes villas d’avant-garde réalisées par ses maîtres pour quelques collectionneurs et mécènes, et tente à l’intérieur une transposition des idéaux modernistes à l'attention d'une clientèle parisienne aisée.
En proposant ainsi un renouvellement des normes de confort et d’esthétique, les réalisations de l’agence séduisent rapidement. Publiés dans les revues françaises et étrangères, ces immeubles plaisent avant tout pour leurs façades intelligemment composées, qui se singularisent avantageusement dans leur contexte.
En 1935, Ginsberg et Heep radicalisent leur recherche et réalisent, rue des Pâtures (toujours Paris 16e) le prototype de ce qui deviendra après la Seconde Guerre mondiale l’immeuble d’habitation de bon goût pour les couches supérieures de la société française en quête d’investissement.
Déjà simplifiée dans les immeubles rue de Versailles, la distribution intérieure de ces appartements de luxe, soumis à un rationalisme économique jusqu’alors inconnu à Paris pour ce type de construction, ne conserve plus rien des anciens usages mondains et adopte un fonctionnalisme de bon aloi, avare dans la qualité des espaces mais où survit le goût du détail.
Sur la rue, on voit apparaître le balcon filant sur toute la longueur de la façade, qui deviendra l’expression commune d’une architecture moderne en voie de banalisation.
Lui-même entrepreneur et promoteur pour ces premières réalisations, ce qui lui permet d’apporter un soin extrême à ses chantiers, Ginsberg abandonne le contrôle de la maîtrise d’ouvrage au fur et à mesure qu’il cède à la production de série à partir des années 1950. Dans le contexte du boom économique de la fin des années 1960, Ginsberg multiplie les résidences immobilières et contribue à fixer les canons de l’esthétique nouveau riche qui se répand de Cannes à Monaco.
Extrait de: Midant (Jean-Paul), « Dictionnaire de l’architecture du XXe siècle ». Paris: Ifa; Hazan, 1996.