Jean Le Couteur est né à Brest en 1916 et décédé à Paris le 30 mai 2010.
Il entre en 1936 dans l’atelier Lefort de l’Ecole des beaux-arts de Rennes. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il se réfugie à Oppède-le-Vieux (Vaucluse), et se joint au groupe d’artistes et d’architectes dit groupe d'Oppède, où il rencontre par exemple Bernard Zehrfuss [fonds 358 AA]. De retour à Paris en 1943, il obtient son diplôme en 1944 dans l’atelier Perret et se lie d’amitié avec Paul Herbé [fonds 88 IFA, 306 AA], ami de Zehrfuss. Il est engagé en 1945 par Zehrfuss, chef du service d’Architecture et d’urbanisme de Tunisie. Il participe à une série de constructions publiques élaborées sur plans types, adaptant les principes de la Charte d’Athènes à l’architecture vernaculaire. Le service est dissous à la fin de l’année 1946. Le Couteur monte alors son agence à Bizerte, où il construit, avec l’ingénieur Bernard Laffaille, sa première œuvre importante, inspirée de Perret, l’église Notre-Dame-de-France (1948-1953).
Vers 1947-1948, Le Couteur accompagne Paul Herbé en Afrique noire, où ils élaborent les plans d’urbanisme de Bamako (Soudan) et de Niamey (Niger). Sensibilisés aux problèmes climatiques, ils suggèrent à Jean Prouvé la conception de la maison métallique préfabriquée type 'tropique' (1949).
Entrés au ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme, les deux architectes s’associent officiellement en 1949. Leur activité est fondée sur la diversification des commandes et sur la collaboration avec des artistes et des ingénieurs de renom. Leur position au MRU leur assure une place confortable dans le milieu des commanditaires (offices HLM, SCIC, etc.).
Le Couteur (avec, puis sans, Paul Herbé qui meurt en 1963), construit de nombreux grands ensembles, prétexte à quelques investigations typologiques (plots reliés par des passerelles, duplex); c’est surtout dans des programme plus prestigieux qu’il développe ses recherches structurelles et formelles.
Dans la basilique d’Alger (1955-1963), Le Couteur – influencé par le créatif Herbé – s'efforce d’exprimer par des techniques, des matériaux et des formes nouvelles des traditions architecturales anciennes – gothiques pour la basilique d’Alger, musulmanes pour le mausolée de Karachi (1957). Avec le projet de stade de 100.000 places à Vincennes (1962-1963), Le Couteur et Herbé tentent, en association avec Sarger, de faire de la structure un mode d’expression poétique. Dans ce projet, ainsi que dans le pavillon français de l’Exposition universelle d’Osaka (1969), s’expriment notamment des références à la nature.
La mort de Paul Herbé constitue un tournant dans l’œuvre de Le Couteur. Il reçoit des commandes liées à la politique d’équipement et d’aménagement du territoire: maison de la culture de Reims (1961-1969), université de Tananarive (1961-1972). Pour le Centre de recherches EDF des Renardières à Ecuelles (1961-1982), il met au point, avec Jean Prouvé, un vocabulaire typologique simple et modulable, et réalise un laboratoire d’essais entièrement métallique qui lui vaudra deux récompenses. A partir de 1975, EDF l'associe à un collège d’architectes étudiant les potentialités esthétiques des centrales nucléaires, et lui confie celle de Nogent-sur-Seine (1974-1989).
En 1962, Le Couteur participe à l’aménagement touristique du Languedoc-Roussillon. Il tente, au Cap-d’Agde (1963-1989), de retrouver l’ambiance des villages languedociens sans les pasticher.
Dans le contexte des Trente glorieuses, il parvient à préserver une liberté artistique tout en intégrant les contraintes liées à la réalité politique, sociale et technique d’un monde en mutation.
(D'après la notice de Noémie Lesquins, consultable au format pdf).