Roger Le Flanchec est né le 26 novembre 1915 à Guingamp; son père étant mort au combat, il est élevé par ses grands-parents maternels, tous deux instituteurs; il hérite, à sa majorité, de la fortune de son grand-père paternel, navigateur de commerce. Cette aisance matérielle lui permetra tout au long de sa vie de cultiver son originalité et sa marginalité.
C'est un autodidacte: après un court passage à l'école des beaux-arts de Rennes en 1931-1932, il fait la place chez Jean Fauny, architecte départemental à Saint-Brieuc, chez qui il reste jusqu'en 1936. Le style de ce premier maître hésite, par concession au milieu, entre un régionalisme de type anglo-normand et une expression plus moderne inspirée de l'Art déco.
Le Flanchec s'établit à Trébeurden (Côtes-d'Armor) en 1937.
Il construit notamment la maison Strniste à l'Île Grande (1936-1937), dont le style régionaliste laisse transparaître l'influence de J. Fauny; cette influence se fait encore sentir dans l'hôtel Perrier que Le Flanchec construit à Trébeurden en 1947
Après la coupure de la guerre, il s'inscrit à l'Ordre des architectes en 1947.
Il participe alors au concours lancé pour la reconstruction de l'église Saint-Louis de Brest (1949): voulant symboliser l'unité de l'église, son projet consiste en une sphère de verre de 50 m de diamètre surmontée d'une flèche pyramidale - en verre également - de 150 m de hauteur.
En 1950-1952, il élabore un projet pour une auberge de jeunesse à l'Île-Grande: grand porte-à-faux de béton posé sur un socle de rochers, à la silhouette de cachalot.
Avec le projet de la maison de Robert Beauvir à Larmor-Plage (1954-1955), il reprend le thème du bivalve et le principe du plan libre déjà tenté pour l'auberge de jeunesse pré-citée.
Profondément anti-académique, marginalisé par la profession, constamment en butte à l'administration, il n'obtient avec de tels projets que peu de permis de construire. Sur quelques trois cents études menées par Le Flanchec, on ne compte guère qu'une vingtaine de réalisations: la plupart de ses commandes émanent du secteur privé.
Très cultivé, il tire son inspiration de quatre sources fondamentales: l'œuvre de Le Corbusier (il rend un hommage particulier à ce dernier avec la résidence Hélios à Trébeurden, sorte de demi-unité d'habitation construite en 1950-1952), celle de Frank Lloyd Wright, la mythologie celtique, la faune et la flore marine.
A la recherche d'une synthèse des arts, cet architecte, pionnier en la matière, tente souvent de prolonger ses recherches par un travail plastique, incluant les extérieurs: voir à ce sujet son étude pour les couleurs de la maison Beauvir, ses propositions de dalles de schistes en carapace pour les maisons Pouliquen à Telgruc (1957), Le Calvez à Perros-Guirec et Trehony à Bénodet (1958).
Il décède en 1986 à Trébeurden.